Le cerne est un motif fréquent de consultation. Le diagnostic n’est pas simple car le cerne peut être le siège de nombreuses anomalies plus ou moins associées dont l’analyse précise aura des répercutions directes sur les possibilités de traitement.

Je vous propose un article sur Le cerne, physiologie et voies de traitement

Anatomie

Naturellement, le muscle orbiculaire délimite la zone péri-orbitaire. Comme tout muscle à effet cutané, il doit forcément avoir 2 insertions : l’une à la peau (et responsable de la formation des rides de la patte d’oie) et l’autre à l’os via un système ligamentaire.

Cette insertion ligamentaire sur le cadre orbitaire délimite et sépare la zone de la joue de celle de la région péri-orbitaire. Les 2 zones sont étanches et ne peuvent communiquer entre elles.

Au dessus du muscle se trouve la graisse sous cutanée. Elle forme un continuum entre la paupière et la joue avec un gradient d’épaisseur de haut en bas. En vieillissant, cette graisse vient à se réduire, squelettisant le muscle orbiculaire sous-jacent.

Au dessus du muscle se trouve la peau de la paupière. Elle est la plus fine de l’organisme. Elle ne mesure que 1mm au maximum. Elle est parcourue de vaisseaux sanguins, artères et veines, pour la nourrir. Plus la peau devient fine, plus les vaisseaux deviennent visibles en transparence.

Au dessous du muscle se trouvent les poches graisseuses qui sont de véritables amortisseurs pour le globe oculaire. Un peu comme un mécanisme de stabilisation optique des téléphones portables. Génétiquement, certaines personnes ont des amortisseurs plus gros que d’autres. En vieillissant, ces poches augmentent de volume.

 

Le cerne creux

Le cerne creux est principalement la conjonction d’une perte de la graisse sous cutanée et la bipartition de la graisse sous musculaire. Il s’ensuit un manque de volume dans la vallée des larmes.

Le traitement le plus adapté est la correction du manque de volume.

Elle peut être réalisé en cabinet à l’aide d’un acide hyaluronique adapté à la zone orbitaire, c’est à dire un acide peu réticulé et peu hydrophile afin de ne pas surgonflé le cerne avec le risque d’un effet bleuté en transparence.

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Elle peut aussi être réalisée au bloc opératoire par transfert de graisse. Les techniques de micro-fat sont les plus intéressantes afin d’éviter un apport excessif de volume et de jouer aussi sur la qualité des tissus grâce aux cellules souches et facteurs de croissance contenus dans la graisse.

Attention, ces méthodes restent parfois dangereuses avec des risques d’embolisation à rétro de l’artère centrale de la rétine et des cas de perte de la vue ont déjà été décrits.

 

Le cerne pigmenté

Le cerne pigmenté doit être différencié du cerne coloré.

La notion de pigmentation renvoie directement à la concentration de la peau en mélanine (le pigment de la peau).

Certaines personnes (nord africains) ou certaines situations (masque de grossesse) entrainent une sur-concentration de mélanine dans la cerne. On parle alors de mélasma.

Cette surconcentration de mélanine va bronzer avec l’exposition solaire.

Le premier des traitements est évidemment la limitation de l’exposition solaire. La protection solaire peut se faire au moyen de lunettes de soleil et/ou de crème solaire SPF50 à renouveler toutes les 2 heures. Même si cela est contraignant, c’est diablement efficace.

L’autre voie de traitement va être la dépigmentation par destruction de la mélanine. Cela peut être fait au moyen de crème dépigmentante (hydroquinone, corticoïdes, ) mais ce sont des médicaments à manier avec prudence compte des effets secondaires potentiels.

Les lasers dépigmentants ou les injections sous cutanées de gaz CO2 sont également proposées mais restent des traitements en cours d’évaluation avec toujours le risque possible de dyschromie secondaire.

 

Le cerne coloré

La coloration bleutée du cerne est assez fréquente chez les blonds ou ceux qui ont un sommeil de mauvaise qualité.

Ce phénomène est lié à une plus grande visibilité des vaisseaux sanguins au travers de la peau très fine de la paupière.

L’amélioration de son sommeil ou le camouflage par le maquillage sont les meilleures options.

Les injections d’acide hyaluronique sont plutôt à déconseiller dans ce cas car cela va encore accentuer la coloration bleutée par l’effet hygroscopique de l’acide.

Il peut être proposé un traitement par injection cutanée de graisse fragmentée (nanofat) au bloc opératoire dans le but d’apporter des cellules souches et facteur de croissance. L’amélioration demande au moins 6 mois pour être visible avec un aspect marqué de la peau pdt plusieurs mois.

 

Le cerne poché

Le cerne poché correspond à l’hypertrophie des amas graisseux sous le globe oculaire, soit liée à la génétique, soit liée au vieillissement naturel.

Le traitement est chirurgical par l’intervention de blépharoplastie, le plus souvent par voie conjonctivale.

Les renseignements spécifiques aux chirurgies des paupières se trouvent ICI.

 

La poche malaire

La poche malaire est le diagnostic différentiel du cerne.

Alors que le cerne est concave d’un canthus à l’autre suivant le cadre orbitaire, la poche malaire débute au point le plus bas du cerne et se poursuit de manière oblique sous la pommette.

La poche malaire est liée à un ligament différent du muscle orbiculaire. Il s’agit du ligament qui retient la peau à la pommette.

Le traitement n’est évidemment pas celui du cerne. Le plus fréquemment, le poche malaire peut être traitée par le lifting malaire concentrique consistant à remonter la pommette sous la paupière afin d’en réduire la hauteur et redonner du volume à la haute joue.

 

Conclusion

Le cerne est une région anatomique complexe dont l’analyse fine conduira à des traitements parfois radicalement opposés.

Dans certains cas, les produits de comblement vont aggraver. Dans d’autres vont améliorer.

Parfois également, la chirurgie sera efficace ; parfois non.

Plus que jamais, dans le traitement du cerne, une consultation auprès d’un chirurgien spécialiste compétent est plus que vivement conseillée afin de déterminer le type de cerne en cause et donc le traitement le plus adapté. Ce dernier peut être radicalement à l’opposé de ce que vous aviez imaginé.

 

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