Généralités

La croissance du marché des injectables est phénoménale et à 2 chiffres. Cette tendance haussière entraîne une tendance inverse baissière pour les actes de chirurgie classique. Tout le monde en parle, tout le monde en fait (mais ne veut pas que ça se sache) et les magazines se font l’écho de résultats miraculeux.

Cette surmédiatisation a plusieurs conséquences : celle de faire croire tout et son contraire, celle d’attirer des patients vers les injectables alors qu’ils n’en ont clairement pas l’indication, celle de pousser des praticiens non qualifiés à répondre à une demande parfois un peu folle. Pour tenter de démêler le vrai du faux, je vous propose de battre en brèche 5 principales erreurs sur les injectables.

 

 

Erreur N°1 :

On peut tout tout corriger avec une seule piqûre

Non, clairement et définitivement non !!

Déjà parce que que toxine et acide hyaluronique sont des termes génériques, un peu comme « antibiotiques ». Il existe toute une gamme de produits avec pour chacun une indication et une zone de traitement.

Globalement, la toxine botulique (le BOTOX) est généralement utilisée pour la moitié supérieure du visage pour estomper les rides d’hyper-expression : rides de la patte d’oie, du lion, du front. La toxine devrait idéalement être utilisée en première intention pour permettre de repositionner les muscles et les volumes. Elle peut aussi être utilisée dans la moitié inférieure du visage, par des mains expertes, par exemple pour les ridules péri-buccales ou de la marionnette. La toxine peut aussi être utilisée pour traiter l’hyper-sudation des aisselles et des mains, Pour en savoir plus sur la toxine, je vous invite à lire l’article qui lui est dédiée.

Ensuite, l’acide hyaluronique regroupe une large gamme de produits qui se différencient par leur concentration, leur souplesse et leur élasticité. L’acide devrait idéalement être utilisé en 2eme intention, après avoir mis au repose le visage avec la toxine. Les acides les plus concentrés, durs et élastiques sont ceux qui durent le plus longtemps et sont utilisés le plus en profondeur comme prothèse pré-osseuse pour l’amélioration des fossettes canines, des tempes, des pommettes ou du menton. Les acides les plus dilués, mous et fluides sont ceux qui durent le moins longtemps et sont utilisés en superficiel pour remplir les ridules cutanées et améliorer la qualité de peau. Pour en savoir plus sur l’acide, je vous invite à lire l’article qui lui est dédié.

 

Erreur N°2 :

Les injectables remplaceront la chirurgie

Non et les injectables ne remplaceront JAMAIS la chirurgie.

En réalité, injectables et chirurgie sont complémentaires, comme je l’indique dans l’article quel acte pour quel âge. Les injectables permettent de compenser doucement les effets du vieillissement et de maintenir dans le temps les effets d’une chirurgie. Mais lorsque il existe un excédant, en particulier cutané, la chirurgie est la seule voie thérapeutique. Elle nécessite une excision de la peau en excès et donc une cicatrice. Les mauvais résultats des injectables sont d’ailleurs des indications chirurgicales qui n’ont pas été acceptées par le patient. Vouloir retendre la peau par remplissage exclusivement conduit inévitablement à un effet de gonflement grotesque.

Recourir à un chirurgien esthétique pour réaliser des injections est un choix judicieux par rapport aux « médecins esthétiques ». En effet, le chirurgien esthétique aura à coeur de ne pas pousser les indications des injectables au delà de ce qu’elles peuvent produire et saura vous indiquer lorsque la chirurgie devient inévitable. Un médecin esthétique essayera de garder le plus longtemps possible son client et de pousser les indications, avec à la clé de mauvais résultats.

 

 

Erreur N°3 :

Les résultats sont temporaires

Oui, les résultats sont temporaires pour la simple et bonne raison que le vieillissement est un phénomène continu qui ne s’arrête que le jour de sa propre mort. Mais les résultats de la chirurgie sont tout aussi temporaires pour les mêmes raisons.

Mais non car en réalité, les effets de la toxine et de l’acide sont définitifs, dans le sens où ce qui est gagné est définitivement acquis. Un muscle mis au repos pendant 6 mois aura déjà commencé à se détendre. Une fossette canine comblée une fois aura un volume résiduel plus faible sur le long terme.

Les améliorations à attendre avec les injectables sont visibles sur le long terme. Personnellement, je conseille entre 2 et 4 ans pour faire le bilan des injectables. Dans le plan de traitement, il y a d’abord un traitement d’attaque constitué de 3-4 séances par an pendant un à deux ans puis une phase d’entretien qui peut durer plusieurs années. Les injectables n’empêcheront jamais la chirurgie lorsque l’indication existe, tout au plus la décaler de quelques années. Un excédant cutané se traite par une résection cutanée.

 

Erreur N°4 :

Le BOTOX est dangereux parce qu’il paralyse

Oui, la toxine botulique est un poison mortel.

Elle est naturellement sécrétée par une bactérie, le Clostridium botulinum, et responsable du botulisme qui paralyse les muscles et mène à la mort. Le botulisme était essentiellement lié à une mauvaise stérilisation de conserves de choucroute et n’existe plus aujourd’hui. Les doses de toxine en cause n’avaient absolument rien à voir avec celles injectées en tant que médicament.

Le botox est une toxine de synthèse, purifiée et quantifiée. Les doses utilisées en esthétique varient entre 20 et 100UI par séance. Elles peuvent monter à 600 – 800UI en thérapeutique pour les troubles neurologiques, sans qu’il n’y ait de conséquence néfaste ni mortelle.

Ainsi, le botox n’est pas dangereux. Ses effets sont toujours réversibles. C’est d’ailleurs la raison du besoin de répéter les injections tous les 6 mois. A contrario, le botox a une mauvaise image dans les médias parce que les patients semblent figés. Tout l’art du maniement de la toxine est donc d’affaiblir les contractions musculaires disgracieuses tout en conservant une mimique naturelle : la French Touch !!!

 

Erreur N°5 :

L’acide hyaluronique est, lui, sans danger

Oui, la molécule d’acide hyaluronique est sans danger puisque elle est naturellement présente dans le corps. C’est une longue chaine sucrée qui sert d’hydratation à la matrice extra-cellulaire.

Mais l’acide hyaluronique de synthèse est associé à une autre molécule qui sert à modifier la forme, donc la dureté et la taille de l’acide hyaluronique. Cette molécule s’appelle le BDDE et est potentiellement cancérigène à haute dose. La quantité d’acide hyaluronique de synthèse à injecter pour obtenir une hypothétique toxicité du BDDE dépasse les 300 litres. Sachant que le conditionnement d’une seringue est de 1ml, il faudrait injecter 300.000 seringues. Cette situation n’existe donc jamais en esthétique faciale mais a eu raison du MACROLANE dont l’indication était l’augmentation mammaire temporaire avec cette fois-ci des volumes injectés conséquents.

En dehors de la molécule elle-même, la technique d’injection peut être dangereuse. Si l’acide est injecté dans un vaisseau, il le bouche entraînant la nécrose du territoire cutané concerné. Si ce territoire est la cerne, l’occlusion est celle des vaisseaux de la rétine et des cas de cécité ont été rapportés. Lorsque l’acide est injecté en quantité trop importante par rapport à ce que les tissus peuvent absorbés, il apparaît des oedèmes bleutés définitifs. Il est donc nécessaire d’être prudent sur les quantités injectées et surtout sur l’intervalle entre 2 injections. Dans certains endroits (les lèvres en particulier), l’injection d’acide entraîne une expansion cutanée définitive et un alourdissement des tissus.

 

En conclusion

Les injectables ont révolutionné le marché de l’esthétique faciale. Les résultats sont bons et durables. La clé du succès est la compréhension du mécanisme de fonctionnement. Il faut commencer jeune, de nombreuses séances, plusieurs produits différents et ne pas vouloir traiter des indications de la chirurgie. En définitive, les injectables ont un prix de revient similaires à la chirurgie et ne peuvent en aucun cas constituer une alternative low-cost.

 

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