Introduction
Les cancers de la peau sont des maladies fréquentes et potentiellement graves.
Leurs facteurs de risque sont souvent ignorés alors que les conséquences fonctionnelles et esthétiques peuvent être sérieuses.
Cancer et carcinomes sont synonymes alors que tumeur ne présage en rien de la gravité de la lésion. Un cancer est forcément une tumeur maligne.
Les types de cancer de la peau
Le plus fréquent est le carcinome basocellulaire dont l’origine des cellules cancéreuses est la membrane basale (l’assise génératrice de la peau). Les cellules cancéreuses se développent depuis la base vers le haut.
Ainsi, le risque métastatique est très réduit et le potentiel pathogène tient essentiellement à la localisation du cancer.
Un baso situé sur le bras est infiniment moins compliqué à traiter qu’un baso sur la pointe du nez ou sur la lèvre. Et ce n’est pas Wolverine qui dira le contraire ! Puisqu’il a annoncé publiquement avoir été opéré à 5 reprises d’un baso du nez avant l’âge de 46 ans.
Le second en fréquence est le carcinome épidermoïde dit aussi spino-cellulaire dont l’origine des cellules cancéreuses est la couche cornée (la couche superficielle de la peau).Les cellules cancéreuses se développent depuis la couche superficielle vers la profondeur.
Ainsi, le risque métastatique n’est pas nul et en cas de métastase, le pronostic vital peut être sérieusement compromis, de dépassant pas 50% à 5 ans.
Le troisième est le mélanome et autres raretés dont l’origine des cellules cancéreuses est la cellule mélanocytaire qui donne la couleur à la peau. Les cellules cancéreuses ont une attirance rapide pour les nerfs et les lymphatiques et le risque métastatique est très élevé. Le pronostic peut être effroyable.
Les facteurs de risque
Tous les carcinomes de la peau ont les mêmes facteurs de risque. Avoir fait un type expose au risque d’en faire un autre type. On considère que le risque de 2ème cancer est de près de 70% à 10 ans.
Le facteur n°1 est le SOLEIL, le n°2 est le SOLEIL et le n°3 est le SOLEIL.
Le soleil produit des rayonnements à hautes énergies dont les rayons gamma, les rayons X et les rayons UV. C’est totalement faux de croire que la peau ressente ces rayonnements. La chaleur que l’on ressent au soleil est liée aux infrarouges qui n’ont AUCUN risque cancérigène.
Ainsi, il peut faire froid, nuageux ou gris et la peau reçoit malgré tout des rayonnements à hautes énergies. L’index UV est le seul moyen d’avoir une idée de la quantité de rayonnement reçu.
A partir d’un Index 3, le risque est présent, depuis la mi février jusqu’à la fin novembre.
Les rayonnements à hautes énergies pénètrent dans la peau et viennent taper les brins d’ADN. Le corps a des capacités de réparation mais celles-ci s’épuisent avec l’âge. On parle de capital solaire et celui-ci peut être très faible chez certains patients (les irlandais délocalisés en Nouvelle Zélande pour reprendre l’exemple de Wolverine)
Les autres facteurs de risque sont donc l’âge (plus on vieillit, moins le corps a la capacité à réparer les cassures de l’ADN) et le phototype (plus on a la peau claire, plus la quantité d’UV à pénétrer est précoce et forte)
Les autres facteurs de risque sont largement anecdotiques (génétique, médicament photosensibilisant, radiothérapie, maladie)
Principes chirurgicaux du traitement des cancers de la peau
Il convient d’enlever le cancer avec une marge de sécurité qui peut aller de 4mm pour les formes les moins agressives à 20mm pour les formes les plus agressives. Et dans certains cas, on peut être amenés à amputer le nez, la lèvre ou la paupière.
Et lorsque on parle de 4mm, c’est 4mm en plus de la lésion en haut, en bas, à droite et à gauche. On peut rapidement se retrouver avec un trou de 15 à 20mm !!
Sur un bras, ou dans le dos, une perte de substance de 20mm se répare sans trop de problème mais sur le visage et les mains qui concentrent 80% des cancers de la peau, c’est une autre histoire !!
Le chirurgien privilégie les reconstructions par lambeau car cela permet d’apporter un tissu vascularisé qui a des caractéristiques de couleur, de texture et de qualité proche de la perte de substance.
Lorsque le lambeau n’est techniquement pas réalisable, la greffe de peau est la seconde possibilité. Elle est souvent prélevée dans une région proche pour avoir les caractéristiques les plus semblables. Elle nécessite un pansement occlusif de plusieurs jours pour que la greffe survive.
En dernier recours, la cicatrisation dirigée est la technique la plus simple car il n’y a pas de reconstruction. Cette technique est utilisée quand les patients sont trop fragiles pour être reconstruits ou que l’on ne sait pas si l’entièreté du cancer a été enlevée.
Conclusion
Le traitement des cancers de la peau est une part importante dans l’activité du Chirurgien Plasticien.
Cette activité est en très nette croissance à cause du vieillissement de la population et des conséquences des activités solaires (congés tourisme, golf, travailleurs d’extérieur).
Souvent minorée dans sa gravité, cette une maladie en partie évitable par un comportement adapté vis-à-vis du soleil moins nocif pour la santé. Revenir noir de la tête aux pieds de ses vacances, c’est un cancer qui se prépare pour sa retraite !
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