Définition

Préparation Physique à la ChirurgieQuelle question étonnante ! Pourquoi faudrait-il se préparer physiquement à subir une intervention chirurgicale ? Pendant, une intervention, le patient dort. Alors ce n’est pas fatiguant. Au contraire, il se repose pendant le geste opératoire !

Et bien voilà l’erreur communément admise, le patient dort. En réalité, il n’en est rien. Une anesthésie générale est un coma artificiel maintenu dans le but de subir un traumatisme grave incompatible avec un état de veille normal. Ainsi, une intervention chirurgicale correspond à :

  • l’administration de drogues qui devront être éliminées par le foie et le rein
  • une perte sanguine parfois conséquente avec le risque d’anémie et de transfusion
  • une insuffisance rénale fonctionnelle liée à la déshydratation et au jeun
  • un syndrome inflammatoire sur plusieurs semaines
  • une cicatrice au sens général qui nécessite de la matière première pour se réparer

Diagnostics différentiels

Comment évaluer si notre forme est suffisante pour subir une intervention chirurgicale ?

Le plus simple est de comparer une intervention chirurgicale à une activité physique, comme la course à pied par exemple.

Une heure d’intervention valant une heure de course à pied à la vitesse moyenne de 8Km/h à jeun.

Personne n’imagine vouloir faire ce genre d’exploit sans un minimum de préparation physique préalable !

Pour une intervention classique de chirurgie de la silhouette (dermo-lipectomie, chirurgie mammaire), vous allez faire subir à votre corps l’équivalent de 24km de course à pied, à jeun en moins de 3 heures. La récupération après cette course (si vous n’avez pas abandonné en cours de route) sera longue, fatigante, avec des crampes, un épuisement intense et des semaines avant de retrouver une forme physique correcte.

Le rôle du chirurgien et de l’anesthésiste avant l’intervention est d’évaluer votre capacité physique à subir le geste et au besoin à programmer les explorations nécessaires pour cette évaluation, comme une consultation de cardiologie, de pneumologie, de nutrition, prise de sang, etc.

A l’issu de ces consultations pré-opératoires, les diagnostics de maladies cardiaques, respiratoires, surnutrition ou dénutrition, maladies métaboliques peuvent constituer des difficultés voire des contre-indications opératoires.

Si le rapport bénéfice/risque n’est clairement pas favorable pour certaines chirurgies morphologiques de confort, il conviendra alors de prendre la décision sage de ne pas subir l’intervention.

Un autre moyen d’évaluer votre état de santé est de calculer votre âge physiologique et de le comparer à votre âge réel. Par exemple sur ce site, mais il en existe beaucoup d’autres.

Préparation physique pré-opératoire

Envisageons ainsi l’intervention chirurgicale comme une course à pied de même durée à jeun. Pour avoir le maximum de chance de terminer votre course sans épuisement total, voici quelques paramètres sur lesquels nous allons pouvoir travailler :

Réduire son poids à un Indice de Masse Corporelle inférieur à 27. Toutes les études portant sur la chirurgie morphologique démontrent que le taux de complications post opératoires est majoré au delà de 27. Vous pouvez calculer votre IMC de la manière suivante : IMC = POIDS (en Kg) / TAILLE² (en m)

Améliorer sa composition corporelle. Le poids absolu est une chose mais la répartition du gras, de l’eau, des muscles en est une autre bien plus importante. Pour cicatriser (pour courir), le corps va piocher les protéines de l’inflammation et de la cicatrisation dans le muscle. Si vous n’avez pas un stock de muscle suffisant, si vous êtes dénutris (même de poids normal), votre corps ne pourra pas se réparer, avec à la clé une aggravation de la dénutrition, une cicatrisation très prolongée et de mauvaise qualité, une augmentation des infections.

Améliorer son alimentation. Pour cicatriser, le corps a également besoin de fer pour reformer les globules rouges perdus pendant l’intervention et de vitamines. Le Zinc, le sélénium, la Vit C, la Vit A sont nécessaires pour une cicatrisation correcte. Cet élément est particulièrement important pour les anciens obèses qui ont subi une chirurgie de dérivation digestive entrainant des carences en vitamines. D’ailleurs, une supplémentation est quasi constante dans ce dernier cas.

Arrêter de fumer. Le tabagisme réduit l’oxygénation du sang, augmente la tension artérielle, réduit le flux sanguin dans les tissus et la peau. Aujourd’hui, le tabagisme actif constitue une contre-indication formelle à toute chirurgie morphologique ou de confort. La SOFCPRE l’indique sur toutes les fiches pré-opératoires et le chirurgien a l’obligation de décaler voire d’annuler une intervention sur un patient fumeur. Il convient d’arrêter le tabagisme per os 2 mois avant l’intervention et jusqu’à cicatrisation complète. La substitution par un tabacologue est possible.

Réduire ses comorbidités. Traiter une hypertension même débutante, traiter un diabète même modéré. Suivre les recommandations de son médecin traitant. Ne pas négliger une plaie ou une maladie de peau préalable. Ne pas exposer la future zone opératoire au soleil. Autant de conseils simples à suivre. Augmenter votre temps de sommeil pour 8h minimum chaque nuit.

Augmenter son activité physique. L’OMS recommande de pratiquer 1 heure quotidienne, soit 10.000 pas, afin de se maintenir en forme. Donc, si on veut non pas se maintenir mais se préparer, il convient d’avoir une activité supérieure à 10.000 pas par jour. Pour être efficace, une activité physique doit durer au moins 30 minutes (plutôt 45) avec un rythme cardiaque au moins à 70% de sa fréquence maximale FCM qui se calcule avec la formule suivante : FCM = 220 – AGE. Pour une femme de 40 ans, la FCM est de 180 bpm et 70% à 126 bpm.

Conclusion

La préparation active par le patient de son intervention chirurgicale est indispensable car cette dernière est une contrainte forte pour l’organisme qui risque de l’épuiser avec à la clé des complications, des infections, une mauvaise cicatrisation et donc in fine un mauvais résultat voire pire.

La préparation physique d’une intervention chirurgicale s’envisage comme la préparation d’une course à pied de même durée, à jeun. La préparation doit donc débuter plusieurs mois avant l’intervention. L’arrêt du tabac est obligatoire, le contrôle du poids, de la composition corporelle, un stock de fer, de vitamines et de protéines suffisant aussi.

Si vous pensez que votre corps n’est pas capable de subir cette préparation, peut être qu’il n’est pas capable non plus de subir l’intervention chirurgicale. N’hésitez pas à échanger avec votre chirurgien sur l’évaluation pré-opératoire et le rapport bénéfice/risque.

 

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