Le Barbie Look, c’est quoi ?

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le terme, il ne s’agit pas d’avoir une silhouette ressemblant à l’icône en plastique des cours de récréation, avant la Reine des Neiges, la Barbie… Grande, trop mince, poitrine généreuse et autoportante, taille inexistante, hanches larges, visage étroit et yeux géants.

Non, le Barbie Look concerne une partie beaucoup plus intime de la poupée plastique, son entrejambe : lisse, rose et glabre. Explications et précisions sur un phénomène de mode parmi les jeunes et les moins jeunes.

 

 

 

Normalisation par la pornographie

Les statistiques de la pornographie sur internet sont assez explicites : 3/4 des hommes et 1/2 des femmes consultent de la pornographie qui représente 10% du flux internet et 25% des mails. Le premier accès se fait vers l’âge de 11-12 ans. Loin de condamner ce phénomène de société dont l’accès et la régulation sont du ressort parental, il explique une standardisation des rapports par la soumission féminine et un effet loupe sur l’anatomie considérée comme « normale ».

Cette anatomie « normalisée » est en réalité dictée par des contingences de spectacle et pour faciliter la prise de vue. Ainsi, il convient pour les femmes de combiner dépigmentation de la marge anale, dépilation intégrale depuis le sillon inter-fessier jusqu’au pubis glabre exposant ainsi les lèvres et les nymphes, petites lèvres fines roses affleurant les grandes lèvres, grandes lèvres roses et joufflues. C’est la définition du barbie look. Tout doit être visible et facile d’accès mais rien ne doit dépasser ou rappeler le passage à l’âge adulte.

Certes, le barbie look est un phénomène de mode et il passera. Le praticien qui reçoit les demandes de Barbie Look aura une approche professionnelle, bienveillante en proposant des modifications sans jamais perdre de vue le rapport bénéfices/risques. Primo non nocere. Car malheureusement, certaines demandes sur terrain normal se soldent par de véritables excisions dramatiques, tant sur le plan esthétique que fonctionnel.

Derrière ce phénomène, il convient de ne pas méconnaître de véritables pathologies vulvo-périnéales que le praticien se doit de diagnostiquer et de traiter.

 

Pathologies vulvo-périnéales

L’hypertrophie des nymphes (dites petites lèvres)

Les nymphes sont les replis de peau les plus internes, en continuité avec l’hymen. Elles se développent à la puberté sous l’effet des hormones. Toutes les tailles sont dans la nature ; parfois le développement est minime, parfois au contraire il peut être maximal et source d’inconfort. Les cas les plus extrêmes peuvent mesurer une 10aine de centimètres et parfois associé à une hypertrophie du capuchon clitoridien.

En ce cas, la chirurgie de réduction des nymphes peut être proposée pour harmoniser les dimensions respectives des nymphes et des lèvres. Il existe plusieurs techniques, verticales, horizontales, chacune adaptée à l’anatomie de la patiente. Les interventions sur le capuchon doivent être limitées aux cas les plus extrêmes afin de ne pas modifier la sensibilité clitoridienne.  L’intervention se déroule sous anesthésie en ambulatoire. Le repos génital est indispensable pour limiter le risque de désunion. L’intervention est partiellement remboursable par l’Assurance Maladie.

Le syndrome de la chaussette vide

Ce phénomène s’observe généralement après une perte de poids massive ou l’accouchement par voie basse de gros bébés. Il se manifeste par une béance de la filière génitale (sans prolapsus) faisant que la pénétration génère peu de frottements, donc peu de plaisirs. Le périnée associe des tissus, des muqueuses et des cavités. En cas de fonte des tissus et de distension des muqueuses, les cavités grandissent et deviennent difficiles à combler.

En ce cas, la chirurgie consiste en une vaginoplastie de réduction pour supprimer une partie de la muqueuse relâchée et un comblement des tissus par transfert adipocytaire. L’intervention se déroule sous anesthésie en ambulatoire. Le repos génital est indispensable pour limiter le risque de désunion. L’intervention est partiellement remboursable par l’Assurance Maladie.

Le périnée cicatriciel

Ce phénomène s’observe généralement après accouchement traumatique et épisiotomie. Le périnée est entravé de cicatrices rétractiles voire de communications ano-vaginales et de synéchies vaginales. La pénétration est douloureuse voire impossible.

En ce cas, la chirurgie consiste en une vaginoplastie de débridement associant des lambeaux locaux pour apporter des tissus élastiques et des plasties en Z pour allonger les cicatrices rétractiles. Le but recherché est le retour à une anatomie la plus normale possible. L’intervention se déroule sous anesthésie en ambulatoire. Le repos génital est indispensable pour limiter le risque de désunion. L’intervention est partiellement remboursable par l’Assurance Maladie.

L’hypotrophie des grandes lèvres

Ce phénomène s’observe généralement après la ménopause avec une involution des tissus sous cutanés des grandes lèvres. Elles se ratatinent et se fripent. Elles laissent entrevoir les nymphes qui pouvaient être cachées jusque-là. Elle peut s’accompagner d’une sécheresse des muqueuses par le même mécanisme.

En ce cas, la chirurgie consiste en un transfert adipocytaire dans le corps des grandes lèvres afin de redonner volume, galbe, tonicité et structure à la lèvre. Le transfert de graisse peut aussi être réalisé autours du vagin pour ses effets de re-juvénation tissulaire. En effet, la graisse a un double rôle. Elle permet de comblement de volume par son effet masse mais aussi elle apporte des cellules souches et des facteurs de croissance localement. Les tissus s’en trouvent hydratés, épaissis et réellement rajeunis.

 

Conclusion

D’un côté, l’essor de la chirurgie plastique et esthétique de l’intimité est en pleine expansion. L’accès facile, majeur et rapide à la pornographie entraîne une standardisation de la vulve spectacle. Le respect de la balance bénéfices/risques est primordial pour poser les bonnes indications et les techniques adaptées afin d’éviter les mutilations dramatiques. De l’autre côté, cet effet de mode ne doit pas occulter les pathologies vulvo-vaginales pour lesquelles les traitements sont parfaitement codifiés.

 

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