La chirurgie esthétique est l’une des chirurgies qui connait le plus le tourisme médical. Certains n’hésitent pas à se rendre à l’étranger pour subir une intervention chirurgicale pour essayer d’obtenir un prix inférieur à celui pratiqué en France. Pour un reportage pour le Magasine CAPITAL sur M6, j’ai été interrogé sur les éventuelles motivations de ce tourisme médical.

Qu’est ce que le tarif règlementé ?

Le tarif réglementé de la SS est le tarif dit « conventionnel », dit aussi « tarif secteur 1 ». Ce tarif a été fixé d’autorité par l’Assurance Maladie il y a près de 40 ans lorsqu’il a été décidé de créer les secteurs conventionnels, en rapport avec l’arrivée des premiers déficits de l’Assurance Maladie.

Le tarif règlementé n’est pas le prix réel de la prestation mais correspond à une contrainte budgétaire négociée entre les partenaires sociaux et les gouvernements successifs. Ces tarifs sont négociés à enveloppe constante. Si le nombre d’actes totaux augmente, le tarif unitaire de l’acte est baissé.

Ces tarifs d’autorité sont consignés dans le catalogue commun des actes médicaux et n’ont pas été ré évalués depuis leur création. Leur valeur ne dépend pas de la difficulté de l’acte ni du temps passé. A titre d’exemple, le tarif d’autorité pour la chirurgie de cataracte (geste de 20 min, ambulatoire) est sensiblement le même que celui de la dermolipectomie abdominale totale circulaire (geste de 6h, 2 jours d’hospitalisation)

 

Peut-on être chirurgien libéral en secteur 1 ?

Cela dépend de la spécialité car les tarifs d’autorité ne sont pas les mêmes. Un ophtalmologiste libéral conventionné secteur 1 est très fréquent car les tarifs d’autorité couvrent les frais opératoires. Mais un chirurgien plasticien libéral secteur 1 ne peut pas couvrir ses frais fixes avec un tarif d’autorité 15 à 20 fois inférieur à celui d’un ophtalmologiste.

C’est pour cette raison que la quasi totalité des chirurgiens plasticiens français (et autres spécialités d’ailleurs) sont conventionnés en secteur 2. En secteur 2, les tarifs sont libres, définis avec tact et mesure. Ils sont donc le vrai reflet du coût de la pratique.

l’ATIH, qui est l’organe des statistiques de l’Assurance Maladie tient à disposition du public et des professionnels les tarifs moyens pratiqués en France, selon les régions. Cette base de données permet donc de savoir comment un chirurgien se positionne par rapport à ses confrères. La base de données de l’ATIH est consultable ICI.

A côté des tarifs conventionnés, une grande partie des interventions de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique n’est pas prise en charge par l’Assurance Maladie que ce soit en secteur 1 ou 2. Dans cette situation, les tarifs des actes hors convention sont 100% libres.

 

Le coût de la Thérapie

Pour citer Freud, « En lui communiquant spontanément la valeur qu’il accorde à son temps, il prouve au patient qu’il s’est lui-même défait d’une fausse pudeur. On n’augmente pas, c’est bien connu, la valeur que le patient apporte au traitement en le proposant à trop bon compte. » 

La chirurgie plastique, qui est une chirurgie de confort avec la recherche d’une amélioration de son image corporelle, de sa fonction, de son esthétique.  Ainsi, comme acte transgressif à partir duquel on espère une amélioration, l’intervention, pour être efficace dans sa dimensions psychologique doit nécessairement coûter au patient du temps, de l’argent et un investissement émotionnel suffisant.

Les soins de confort gratuits ont par expérience une portée thérapeutique très, très réduite.

 

Faut-il négocier son devis ?

On serait tenté de négocier un rabais. Mais c’est en réalité une mauvaise idée. La chirurgie en général est soumise à certains aléas et le risque zéro n’existe pas. Ce qui veut dire que les complications existent.

Ainsi, en cas de complications, si vous aviez négocié votre devis, c’est prendre le risque d’introduire un doute : « il m’a bâclé ! » 

Plutôt que de négocier, il est plus judicieux de faire appel à 2 ou 3 plasticiens différents. Premièrement, cela permettra de vous faire une idée plus précise de votre cas et des possibilités. D’avoir plusieurs façons différentes d’expliquer le geste. De choisir le praticien qui semble le mieux vous correspondre sur le plan relationnel et in fine d’intégrer la composante financière dans votre choix.

Le choix du praticien ne doit surtout pas être fait sur le critère exclusif du prix mais sur l’ensemble des paramètres diagnostic + relationnel + tarif. Chacun pondérera cette équation fonction de ses susceptibilités.

 

Payer moins cher à l’étranger ?

Alors la solution de prendre un RDV sur internet est grandement tentante. Puis on atterrit à des milliers de Km de chez soi, souvent seul, pris en charge par une équipe qu’on découvre pour la première fois parfois seulement quelques heures avant l’intervention. Certains de mes patients qui ont tenté l’expérience me rapportent que le chirurgien qui va les opérer n’est finalement pas celui qui était prévu. On passe qqs jours à l’hôtel avant de reprendre l’avion dans l’autre sens, un peu perdu et souvent seul.

Il n’est pas question de remettre en cause les capacités médicales des chirurgiens étrangers. Mais il existe des risques spécifiques au tourisme médical.

Les voyages en avion constituent de base un risque thrombo-embolique sévère et l’association avec une intervention chirurgicale, elle aussi à risque thrombo-embolique, peut devenir un cocktail explosif. Faire une embolie pulmonaire massive en vol conduit souvent à une issue fatale car il faut en urgence détourner l’avion et entreprendre une réanimation immédiate. Je vous invite à prendre connaissance des recommandations concernant la prévention des accidents thrombo-emboliques lors des voyages en avion en consultant cette page.

A côté du risque thrombo-embolique, il existe une spécificité microbienne avec un taux d’infections plus élevées et des germes plus agressifs et plus résistants. Je vous invite à prendre connaissance des risques infectieux liés au tourisme médical en consultant cette page.

 

Conclusion

La chirurgie Plastique et Esthétique a un prix. Ce prix correspond au coût de la pratique, aux risques pris, au service rendu, à la réputation du praticien, etc., etc. Il existe une base de données tarifaires que chacun peut comparer et déterminer si le tarif qui lui est proposé correspond au coût de la pratique dans la région. Rencontrer plusieurs praticiens est également une bonne attitude à la fois pour le diagnostic que pour le devis.

Il existe donc des solutions adaptées à chacun, à chaque personnalité, à chaque bourse sans avoir à prendre le risque du tourisme médical avec son cortège de surprise opératoire, d’embolie et d’infection spécifique.

 

 

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