Tabac et Contre-indication Opératoire : Pourquoi le Sevrage est Indispensable en Chirurgie Plastique
Introduction
Une jurisprudence récente a rappelé avec force l’incompatibilité entre tabagisme actif et chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique.
Dans une affaire de reconstruction mammaire par implant, une patiente a présenté une désunion de plaie et une exposition de prothèse, entraînant la perte de l’implant.
L’établissement a été condamné pour défaut d’information sur les risques liés au tabac et sur les alternatives aux implants mammaires.

En savoir plus sur l’Institut National du Cancer – Reconstruction mammaire
Tabac et Chirurgie : pourquoi arrêter avant une opération ?
Fumer, même occasionnellement, avant une intervention chirurgicale augmente considérablement les risques :
- Mauvaise cicatrisation (hypoxie tissulaire, nécrose cutanée, cicatrices inesthétiques).
- Infections post-opératoires plus fréquentes.
- Complications anesthésiques (toux, bronchospasmes, difficultés respiratoires).
- Risque thrombo-embolique accru (phlébite, embolie pulmonaire).
En chirurgie plastique (lifting, plastie mammaire, abdominoplastie), ces complications peuvent ruiner le résultat esthétique.
Un sevrage complet 6 semaines avant et après l’opération est recommandé. En l’absence de sevrage, l’intervention peut être reportée ou annulée.
Référence : HAS – Tabac et chirurgie
Les moyens de sevrage tabagique
Arrêter de fumer est difficile mais possible grâce à une prise en charge globale :
- Substituts nicotiniques (patchs, gommes, pastilles, sprays).
- Médicaments (varénicline, bupropion, sur prescription médicale).
- Accompagnement psychologique et comportemental (consultations spécialisées, groupes de soutien).
- Outils numériques et ligne d’aide : Tabac Info Service – 39 89.
Le succès est optimisé par la combinaison substituts + accompagnement médical.
Alternatives aux implants mammaires
Pour les patientes fumeuses non sevrées, les implants sont particulièrement à risque.
Des alternatives existent :
- Lipofilling (greffe de graisse autologue).
- Lambeaux autologues (DIEP, grand dorsal).
- Combinaisons techniques (lipofilling + lambeau).
Plus d’infos : INCa – Reconstruction mammaire.
Le devoir d’information renforcée en chirurgie esthétique
En chirurgie esthétique, le chirurgien est tenu à une obligation d’information renforcée (CSP, art. L1111-2 et L6322-2) :
- Information claire, loyale et écrite.
- Délai de réflexion légal de 15 jours.
- Mention des risques même exceptionnels mais graves.
- Alternatives expliquées et traçabilité dans le dossier médical.
L’absence d’information engage la responsabilité du praticien, même sans faute technique.
Références : Code de la santé publique – art. L1111-2
Exceptions à l’information renforcée
- Urgence vitale (rarement en CPRE).
- Inconscience ou impossibilité d’informer (information donnée à la personne de confiance).
- Droit à ne pas savoir (si demandé par le patient).
- Exception thérapeutique (préjudice psychologique grave, hors chirurgie esthétique).
En pratique, en chirurgie plastique et esthétique, il n’y a pas d’exception valable : l’information renforcée reste obligatoire.
Conclusion
La chirurgie plastique et reconstructrice n’est jamais une urgence vitale : elle doit toujours respecter un rapport bénéfice/risque favorable.
Le tabac constitue un facteur de risque majeur, non négociable.
Refuser une intervention en cas de tabagisme actif n’est pas une discrimination, mais une obligation légale et médicale, confirmée par la jurisprudence récente.
D’autres facteurs de risque sont également à prendre en compte, comme l’âge avancé, les antécédents médicaux et l’obésité.
Dernière Mise à Jour : 2025.08
Auteur : Dr. POTIER – Chirurgien Plasticien – Cholet
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