Suture et Cicatrisation : Comprendre les différences
Introduction
Les patients attribuent souvent aux chirurgiens plasticiens la capacité de faire de « belles cicatrices ».
Cette idée reçue repose sur une confusion entre la suture, qui est un acte technique réalisé par le praticien, et la cicatrisation, qui est un processus biologique complexe propre à chaque individu.
À la question fréquente :
« Est-ce qu’un chirurgien plasticien fait les plus belles cicatrices ? »,
la réponse est plus nuancée qu’il n’y paraît.
Le chirurgien intervient certes dans les meilleures conditions techniques, mais la qualité finale d’une cicatrice dépend en grande partie du terrain du patient, de facteurs de risque modifiables et du suivi post-opératoire.
Suture : l’acte chirurgical
La suture est une étape ponctuelle, réalisée par le chirurgien.
Elle consiste à refermer les plans cutanés avec une technique précise : alignement des berges, tension minimale, choix de fils adaptés (résorbables ou non), usage de colle tissulaire ou de points intradermiques.
Le chirurgien plasticien dispose de techniques spécifiques pour :
- réduire les tensions sur la peau (principe fondamental en chirurgie plastique)
- minimiser la visibilité des cicatrices
- positionner les incisions dans des zones stratégiques (plis naturels, lignes de tension de Langer)
Mais une bonne suture ne garantit pas une belle cicatrice.
Elle ne fait que préparer un terrain favorable à une bonne cicatrisation.
Cicatrisation : un processus biologique progressif
La cicatrisation est un processus biologique qui dure en moyenne 12 à 18 mois.
Elle se déroule en plusieurs phases :
- Phase inflammatoire (J0 à J7)
- Phase de prolifération (J7 à J21)
- Phase de maturation/remodelage (de 3 semaines à 12-18 mois)
Elle est influencée par deux types de facteurs :
1. Le terrain du patient (facteurs non modifiables)
Ce sont des caractéristiques biologiques propres à chaque individu :
- Sexe : les hommes cicatrisent moins bien que les femmes, en raison d’une peau plus épaisse et plus riche en sébum (1)
- Âge : entre 15 et 30 ans, les réactions inflammatoires sont plus intenses, favorisant les cicatrices hypertrophiques. Après 50 ans, les cicatrices sont généralement moins inflammatoires et plus discrètes (2)
- Couleur de peau : les peaux noires et asiatiques ont un risque accru de cicatrices chéloïdes, véritables excroissances fibreuses difficiles à traiter
- Phototype : les phototypes I et II (blonds, roux, peaux très claires) ont un risque plus élevé de cicatrices rouges et épaisses
- Localisation de la plaie : certaines zones cicatrisent plus difficilement (dos, sternum, épaules), d’autres mieux (paupières, lèvres).
2. Les facteurs de risque (modifiables)
Contrairement au terrain, ces éléments peuvent être corrigés ou améliorés :
- Exposition solaire : les UV provoquent une inflammation chronique et pigmentent les cicatrices.
- Tabac : le tabagisme diminue l’oxygénation tissulaire, ralentit la cicatrisation et augmente le risque de complications post-opératoires (3).
- Nutrition : une carence en protéines, zinc, vitamine C ou fer ralentit la régénération tissulaire.
- Médicaments : corticoïdes, anticoagulants, certains traitements immunosuppresseurs peuvent altérer la cicatrisation.
Techniques de suture du chirurgien plasticien
Les techniques de suture spécifiques utilisées par le chirurgien plasticien ont pour but :
- de réduire la tension sur la plaie (facteur principal de cicatrice pathologique),
- de minimiser les points visibles (points enfouis, colles chirurgicales),
- de respecter les lignes de tension cutanée (lignes de Langer),
- de préparer la cicatrice à un bon aspect esthétique à long terme.
Comment optimiser le résultat de votre cicatrice ?
Voici quelques recommandations simples et validées pour améliorer le rendu cicatriciel :
- Protéger du soleil pendant 12 mois (crème SPF 50+)
- Arrêter de fumer avant et après l’opération
- Appliquer régulièrement une crème cicatrisante ou du silicone médical (gel ou pansement)
- Suivre les consultations de contrôle avec votre chirurgien
- Ne pas gratter la cicatrice ni appliquer de produit non prescrit
- Porter des vêtements non compressifs sur la zone opérée
- Respecter les temps de repos après l’intervention
Conclusion
Si le chirurgien plasticien suture, c’est bien le patient qui cicatrise.
Le rôle du praticien est d’optimiser les conditions de réparation cutanée, mais le résultat dépend majoritairement :
- du terrain individuel (sexe, âge, type de peau),
- des facteurs de risque contrôlables (soleil, tabac, hygiène),
- et du suivi post-opératoire rigoureux.
Une cicatrice demande du temps, de la patience et un suivi médical attentif.
Elle devient définitive après 12 à 18 mois.
L’idéal reste toujours de limiter les cicatrices, de les positionner judicieusement et, si possible, d’éviter les interventions inutiles dont le rapport bénéfice/risque est insuffisant.
Sources médicales et scientifiques
- Niessen F.B. et al., On the pathophysiology of hypertrophic scars and keloids, Burns (1999)
- Atiyeh B.S. et al., Wound Healing in Aging Skin: A Review, Wounds (2015)
- Sorensen L.T., Wound healing and infection in surgery. The pathophysiological impact of smoking, smoking cessation, and nicotine replacement therapy: a systematic review, Ann Surg (2012)
Page mise à jour le : Mars 2025
Rédigé par Dr POTIER , chirurgien plasticien à Cholet – Polyclinique du Parc
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