Chirurgie Plastique et Obésité : Définition, Risques et Prise en Charge
Définition et diagnostic
La chirurgie plastique et esthétique est avant tout une chirurgie de la silhouette et de la morphologie.
Il est donc fréquent que les patients souffrant d’obésité sollicitent une intervention visant à améliorer leur silhouette.
L’obésité est définie médicalement par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 source : Organisation mondiale de la santé (OMS).
Même si l’IMC n’est pas un indicateur parfait de santé, il reste une référence statistique largement utilisée.
La littérature médicale est unanime : l’obésité augmente considérablement les risques opératoires en chirurgie plastique.
En moyenne, le sur-risque est multiplié par 2 à 4 par rapport à un patient non obèse (Massenburg et al., Plast Reconstr Surg, 2015).
Exemple : pour une intervention dont le risque de complication est habituellement de 5 %, ce risque peut atteindre 20 % chez un patient obèse.
Cela modifie profondément le rapport bénéfices/risques de la chirurgie.
Conséquences de l’obésité sur la chirurgie
L’obésité n’est pas seulement un excès de poids.
C’est une maladie chronique complexe, touchant près de 25 % de la population française.
Ses répercussions sur la chirurgie plastique sont multiples :
- Syndrome inflammatoire chronique : favorise les troubles de la coagulation, la phlébite et l’embolie pulmonaire.
- Troubles respiratoires (syndrome restrictif, apnées du sommeil) : rendent l’anesthésie plus difficile.
- Mauvaise vascularisation des tissus adipeux : augmente les risques d’infection, de nécrose et de retard de cicatrisation.
- Fragilité lymphatique : favorise les séromes, lymphangites et complications cicatricielles.
De la même façon que l’on traite une hypertension artérielle avant une chirurgie, il est essentiel de prendre en charge l’obésité avant une chirurgie plastique.
Lipoaspiration et obésité : une fausse solution
Il peut être tentant de penser que la lipoaspiration peut traiter l’obésité. En réalité, c’est impossible :
- Chez un patient avec un IMC > 30, l’excès de masse grasse représente 20 à 30 kg.
- Or, la limite de sécurité d’aspiration est de 4 à 5 litres de graisse par intervention (ASPS Safety Guidelines).
- La majorité de la graisse en cas d’obésité est viscérale, située autour des organes (foie, intestins, rate). Elle n’est pas accessible à la lipoaspiration sans risque vital.
La lipoaspiration n’est donc pas un traitement de l’obésité, mais une technique de remodelage ciblé après stabilisation pondérale.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent le traitement en plusieurs temps du lipoedème et je vous invite à lire mon article dédié sur le sujet : lipoedème, diagnostic et traitement
En savoir plus sur la lipoaspiration et ses indications →
Dermolipectomie et obésité
Les dermolipectomies consistent à retirer l’excédent de peau, et non la masse graisseuse profonde.
Elles sont indiquées après une perte de poids importante et stabilisée, souvent dans le cadre d’une chirurgie post-bariatrique.
- Intervention lourde (≈ 3 h), suivie de plusieurs jours d’hospitalisation et 3 à 4 semaines de convalescence.
- Parfois associée à une petite lipoaspiration complémentaire (1–2 L maximum).
- Permet d’enlever en moyenne 3 à 4 kg de tissus.
La dermolipectomie est une chirurgie de réparation après amaigrissement, et non une solution contre l’obésité.
En savoir plus sur la chirurgie post-bariatrique →
Assurance Maladie et obésité
L’Assurance Maladie ne reconnaît pas l’obésité comme affection de longue durée (ALD).
La prise en charge d’une chirurgie de la silhouette est très limitée et obéit à des critères stricts :
- Présence d’un tablier abdominal recouvrant le pubis.
- Conséquences directes d’une obésité morbide (IMC > 40) traitée par chirurgie bariatrique.
- Dégradation de la paroi abdominale après grossesse multiple ou chirurgie lourde.
Chaque demande fait l’objet d’une entente préalable auprès du médecin conseil de l’Assurance Maladie.

Plus d’informations : Critères de remboursement des abdominoplasties (Assurance Maladie)
Gestion du risque opératoire
Une chirurgie de la silhouette, comme une course de fond, nécessite une préparation adaptée.
Chez les patients obèses, les risques sont plus élevés :
- Phlébites, embolies pulmonaires → nécessitent une prévention par anticoagulants.
- Déficit musculaire et dénutrition → compliquent la cicatrisation.
- Syndrome inflammatoire chronique → augmente le risque infectieux.
Le refus d’opérer n’est pas un refus de soins.
C’est souvent un report dans l’attente d’une meilleure condition générale, après perte de poids et stabilisation.
Lire : Préparation à la chirurgie esthétique et reconstructrice →
Conclusion
La chirurgie plastique chez le patient obèse doit toujours être envisagée avec prudence.
- Les risques opératoires sont multipliés par 4, sans bénéfices équivalents.
- La perte de poids stabilisée est une condition essentielle avant toute chirurgie de la silhouette.
- Le rôle du chirurgien est de protéger le patient, même si cela implique parfois de reporter l’intervention.
L’objectif n’est pas de refuser une demande, mais de garantir une chirurgie sûre, efficace et durable, au moment le plus opportun.
📚 Références bibliographiques
- Massenburg BB, Sanati-Mehrizy P, Taub PJ. Obesity and Surgical Complications in Plastic Surgery: A Systematic Review and Meta-Analysis. Plast Reconstr Surg. 2015;135(1):141–156.
- World Health Organization. Obesity and overweight. Fact sheet. Lien OMS.
- American Society of Plastic Surgeons. Liposuction Safety Guidelines. ASPS.
- Mechanick JI, Apovian C, Brethauer S, et al. Clinical practice guidelines for the perioperative nutrition, metabolic, and nonsurgical support of patients undergoing bariatric procedures. Surg Obes Relat Dis. 2013.
Dernière mise à jour : 2025.08
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